Accéder au contenu principal

Comment je suis devenu Grand Reporter

“Si par hasard, sur le pont des Arts”, tu vois un feu qui prend aux alentours du Louvre, c'est peut-être ta chance. Bien entendu, il faut commencer par prévenir les pompiers, s'assurer qu'il n'y a pas de victime. Il faut être citoyen avant d'être photographe, cela va sans dire. Mais ça ne mange pas de pain, des flammes et une fumée noire aux abords d'un des plus grands musées du monde, ça mérite bien un ou deux clichés. 
Hier soir, j'étais là, par hasard, avec des amis, au moment où un local situé à quelques mètres du Louvre s'est enflammé. Comme d'autres badauds, j'ai dégainé mon iPhone, et j'ai pris quelques images de cet impressionnant incendie.


Mais à la différence de la plupart des badauds, j'ai tweeté l'une des photographies prises sur le vif. Avec un commentaire, somme toute, assez succinct : “incendie impressionnant au Louvre”. 

Quand Twitter s'enflamme

Je ne cherchais pas à être alarmiste, je commentais simplement ce que je voyais, depuis le pont des Arts, comme je l'aurais fait si j'avais eu quelqu'un au téléphone à ce moment là ; mais il faut croire que la sauvegarde du patrimoine français est chère aux internautes, car en quelques minutes, mon tweet était relayé par de nombreuses personnes, de France et de Navarre. 

Je prenais soin de rassurer rapidement mes followers, une fois l'incendie éteint, en postant plusieurs tweets pour les informer qu'il ne fallait pas s'inquiéter outre mesure. 
Tout était rentré dans l'ordre, grâce au dévouement et à la réactivité des pompiers. La Joconde n'était pas menacée. Ils pouvaient s'endormir tranquilles. 

Seulement, entre temps, mon tweet avait été traduit (un peu rapidement) par une formule légèrement plus anxiogène : “Louvre Museum on fire”. Cela, si j'ose dire, jetait de l'huile sur le feu. 

Entre temps, aussi, l'image que j'avais prise depuis le Pont des Arts avait été vue plus de 7000 fois.


Le journalisme réinventé

Heureusement, un reportage du Parisien venait vite calmer les esprits. 
Peu avant 21 heures, ce lundi soir, de nombreux twittos lancent l'alerte, photos à l'appui : les abords du Louvre sont en flammes. Une grosse fumée noire se dégage dans le ciel. Certains témoins affirment même apercevoir l'épaisse fumée depuis le Sacré-Coeur. Vers 20h47, les pompiers de Paris sont appelés par des badauds.Trois engins sont rapidement dépêchés sur place. D'après les premiers éléments fournis par le lieutenant-colonel Le Testu, il s'agirait simplement d'un petit feu localisé au niveau du jardin de l'Infante. L'incendie, qui a été rapidement circonscrit, aurait pris dans une cabane de chantier située à proximité du musée. Il n'y aurait pas de blessé”.  
Et j'étais moi-même contacté par… le Washington Post.


Une journaliste américaine souhaitait en effet savoir si elle pouvait utiliser les clichés que j'avais pris pour publier un article à propos de cet incendie, et s'adressait directement à moi… sur Twitter. Je lui répondais bien évidemment qu'elle pouvait faire ce que bon lui semblait de mes photos, et découvrais quelques minutes plus tard son article
Ce dernier permettait aux derniers inquiets de se rassurer ; il était clairement dit : “The fire was contained, and there were no reports of injuries”.

Quelques leçons de cette petite histoire : 
  • Twitter prouve une nouvelle fois sa capacité à diffuser l'information très rapidement.
  • Quiconque est témoin d'un événement peut désormais transmettre son témoignage immédiatement.
  • Le journalisme demeure essentiel, pour recadrer l'information.
  • Journalisme et médias sociaux sont des mots qui vont très bien ensemble, très bien ensemble.
  • Les journalistes ont tout intérêt à être sur Twitter.
Et ce qu'il faut retenir, avant tout :
  • Le Louvre va bien.
  • J'ai été publié dans le Washington Post !


Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

L'image parle d'elle-même

35 % des Français interrogés par TNS Sofres  (en juin 2012) affirment avoir déjà posté plus de 100 photos en ligne. Un chiffre parmi d'autres, bien sûr, mais qui illustre assez bien notre époque : celle de la prééminence de l'image . La photographie avait déjà une place de choix dans les années 1980 ou 1990, c'est certain, mais elle est devenue une pièce maîtresse de la conversation .  L'image, élément de langage Comme le souligne très justement André Gunthert dans cet article  (que je vous recommande) : “ pour la première fois de son histoire, la photographie traditionnelle est devenue une pratique de niche au sein d'un univers plus vaste, structuré par les mobiles et les réseaux sociaux : l'image communicante ”. Et de rappeler qu'en France, en 2011, il se vendait 4,6 millions d'appareils photographiques (deux fois plus qu'à la fin des années 1990) contre 12 millions de smartphones. Le mobile et les réseaux sociaux sont de fait les

Remplacer “Week-End” par un mot français

T ous les lundis, on trouve des gens pour se plaindre . Et tous les vendredis, des gens pour se réjouir. C'est devenu habituel, commun, systématique. Des sites ont même été créés dans cet esprit.  http://estcequecestbientotleweekend.fr par exemple. Bien entendu, il y a des exceptions . Il y a des gens qui ne travaillent pas, ou des gens qui travaillent à temps partiel, voire des gens qui travaillent uniquement le week-end. Cela étant, on retrouve quand même ce rythme, éternel.  Ce qui est assez fou, quand on y pense, c'est que depuis le temps, personne n'a été capable en France de trouver un nom pour désigner le week-end . On utilise ce terme 150 fois par an, dans nos conversations, sans chercher à le remplacer par une expression made in France .  Bientôt le SamDim “Fin de semaine”, la traduction littérale de “week-end” désigne finalement le jeudi et le vendredi, dans le langage courant. Il faut donc trouver autre chose :  Je propose Samdim

Chacun sa chimère

“ S ous un grand ciel gris, dans une grande plaine poudreuse, sans chemins, sans gazon, sans un chardon, sans une ortie, je rencontrai plusieurs hommes qui marchaient courbés. Chacun d'eux portait sur son dos une énorme Chimère , aussi lourde qu'un sac de farine ou de charbon, ou le fourniment d'un fantassin romain. Mais la monstrueuse bête n'était pas un poids inerte; au contraire, elle enveloppait et opprimait l'homme de ses muscles élastiques et puissants; elle s'agrafait avec ses deux vastes griffes à la poitrine de sa monture; et sa tête fabuleuse surmontait le front de l'homme, comme un de ces casques horribles par lesquels les anciens guerriers espéraient ajouter à la terreur de l'ennemi. Je questionnai l'un de ces hommes, et je lui demandai où ils allaient ainsi. Il me répondit qu'il n'en savait rien, ni lui, ni les autres; mais qu'évidemment ils allaient quelque part, puisqu'ils étaient poussés par un invincible besoin d