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Je vis une époque de ma vie

L’une des difficultés du personal branding, je trouve, c’est qu’une même personne peut tout à fait être amenée à changer sensiblement au cours de sa vie. La vie elle-même n’est pas un long fleuve tranquille. J’ai beau être encore jeune, quand, certains soirs, je laisse la nostalgie me plonger dans un état de mélancolie avancé, quand je songe à ma vie passée, j’entrevois plusieurs phases, plusieurs époques.

Cela vaut d’ailleurs pour ma vie personnelle, comme pour la société toute entière. Il y a quinze ans, certains regardaient Nulle Part Ailleurs, le soir, sur Canal +. Aujourd’hui, ces mêmes regardent peut-être Le Grand Journal. Et je ne prends que cet exemple, tout en ayant conscience que la société a connu de plus importantes évolutions ces dernières années. Évolutions dont je parle souvent, sur ce blog.  
Tiens, justement, il fut un temps où je n’avais pas de blog. Un temps où, sur Internet, je me connectais à  Caramail, au lieu d'explorer Twitter, Google, ou Facebook.



Celui que j’étais
Ce Basile là, âgé de 14 ans peut-être, n’est pas tout à fait moi. Enfin je ne crois pas. Enfin je ne sais pas. J’ai eu cette discussion avec Adrien, il n’y a pas longtemps : dans quelle mesure changeons-nous, au fil du temps ? à quel point sommes nous différents de ceux que nous étions ?
C’est une question importante, qu’il faut se poser. Sans tomber dans les clichés sur l’âme d’enfant que l’on préserve toute sa vie. 
J’ai toujours été persuadé que l’on pouvait changer, que l’on n’était pas enfermé dans un caractère, par exemple. Les phrases “je suis comme ça, je n’y peux rien, c’est moi” m’ont toujours agacé. 
Toute notre vie, on devient. Il est donc possible de se défaire de la plupart de ses défauts.
Cette conviction vient probablement de mon enfance. Mes parents m’ont appris à jouer à être un autre, pour devenir quelqu'un. Déguisements, petits soldats, marionnettes, playmobil, lego. Raconter des histoires, créer, inventer… 
Mais aussi : S'imaginer. 

I am, whatever you say I am
Bon, mais d’un point de vue de personal branding, le fait de pouvoir évoluer en permanence est quelque peu problématique. “Bonjour, je suis moi, mais aussi cet autre dans quelques jours. Et je n'étais pas tout à fait moi-même hier. Sachez-le…”.
Le droit à l’oubli est un enjeu majeur aujourd’hui, avec Internet et le stockage des données personnelles. Mais ce qui est sous-jacent, c’est aussi le droit au changement.
“Vienne la nuit, sonne l’heure. Les jours s’en vont. Je demeure”. Apollinaire
Dans le film de Stanley Kubrick (il faut à ce propos que j'aille à la Cinémathèque de Paris) Barry Lyndon, on ressent particulièrement les différentes périodes que peut comprendre une seule et même vie. 
Différents chapitres, avec le même personnage principal, vivant plusieurs vies.
Je vis une époque de ma vie. En m'efforçant de ne pas trop chercher à entrevoir les époques à venir, si ce n'est sur ce blog, de temps en temps. 
Que sera, sera
Whatever will be, will be
The future's not ours, to see
Que sera, sera
What will be, will be.

Commentaires

  1. Tu es l'histoire que tu écris : elle change chaque jour, toi peu ou infiniment moins,...

    Je t'embrasse,

    Nicolas

    RépondreSupprimer
  2. La partie du texte qui a ma préférence est sans nul doute celle-ci :

    "...J’ai toujours été persuadé que l’on pouvait changer, que l’on n’était pas enfermé dans un caractère, par exemple. Les phrases “je suis comme ça, je n’y peux rien, c’est moi” m’ont toujours agacé.
    Toute notre vie, on devient. Il est donc possible de se défaire de la plupart de ses défauts...."

    J'aime savoir que je ne suis pas un martien ou un hurluberlu :-)

    Je reviendrais.

    Fabrice

    RépondreSupprimer
  3. http://www.youtube.com/watch?v=V63GjX0bkcQ

    RépondreSupprimer
  4. "Toute notre vie, on devient." Tu as tout à fait raison, Basile, même si l'on a parfois l'impression en vieillissant de devenir de plus en plus con. C'est un signe de maturité en fait, qui montre que l'on a su développer son esprit critique avec l'âge.
    Il ne faut pas non plus regretter ses idioties de jeunesse (à moins de faits graves...), elles ont leur sens et ont contribué à faire ce que nous sommes.

    RépondreSupprimer
  5. Et si nous étions faits comme les arbres ? Notre enveloppe s'épaissirait saison après saison, tandis que la jeune pousse que nous avons été demeurerait présente dans le cœur invisible du tronc.

    Ou comme des poupées russes, mais dont chacune présenterait un visage différent ?

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